Le week-end de Pâques a été marqué par un événement que je redoutais depuis des semaines. Mes chevaux, Ganesh et Gaya, sont partis pour vivre de nouvelles aventures, adoptés par une famille passionnée de randonnées équestres.
Une séparation bouleversante
Ce départ, bien que préparé, a laissé en moi une empreinte profonde, un vide que je peine encore à apprivoiser. Ganesh, ce compagnon fidèle avec qui j’ai parcouru tant de chemins, et Gaya, douce et toujours attentive, ont pris la route d’une nouvelle vie. Et moi, je suis restée là, face à moi-même, à devoir réapprendre à avancer sans eux.
Burdignes, le vent, et les adieux :
un dernier voyage chargé d’émotions
Nous avions rendez-vous à Burdignes, un petit village perché dans les hauteurs, balayé ce jour-là par un vent fort et froid. Ce vent, les chevaux ne l’apprécient guère. Il les rend nerveux, agités, méfiants. Et moi aussi, je me sentais déstabilisée. Le camion de transport était là, imposant, prêt à les emmener vers leur nouvelle famille. Ganesh et Gaya n’étaient jamais montés dans un van, et l’inquiétude se lisait dans leurs yeux. Ce moment, je l’avais imaginé mille fois, mais jamais je n’avais ressenti une telle tension.
Je me suis approchée de Ganesh, et je lui ai parlé. Je lui ai dit que nos randonnées ensemble étaient terminées, qu’il devait suivre son propre chemin. Que moi aussi, je devais accepter de nous libérer. Nous nous aimerions toujours, mais chacun de notre côté, nous avions besoin d’explorer de nouveaux horizons. Il m’a regardée, longuement, comme s’il comprenait. Puis, dans un élan de confiance, il a posé un sabot dans le camion, suivi de Gaya, fidèle et rassurée par sa présence.
Quand les portes se sont refermées, c’est une partie de mon cœur qui s’est envolée avec eux.
Le soulagement d’un voyage réussi :
Ganesh et Gaya découvrent leur nouveau foyer
De retour chez moi, accompagnée d’une amie qui partageait mon émotion, j’ai reçu des nouvelles. Ganesh et Gaya étaient bien arrivés. Le trajet s’était bien passé, et ils goûtaient déjà à de verts pâturages, bien loin de la tension de ce matin-là. Les photos montraient deux chevaux sereins, déjà en train de s’adapter à leur nouveau cadre de vie. Le jeune couple qui les avait adoptés semblait comblé, attentionné. Je ne pouvais espérer mieux pour eux.
Et pourtant, malgré ce soulagement, une douleur sourde restait tapie au fond de moi. Une douleur que je tente d’apprivoiser, jour après jour, mais qui surgit encore, par vagues.
La difficulté du deuil animalier :
entre activités, solitude et reconstruction intérieure
Je me suis remise à mes activités. J’essaie de lire, de marcher, de m’occuper, de combler ce vide. Mais la vérité, c’est que je me mens un peu. Je n’ai pas encore versé toutes mes larmes. Ce deuil prendra du temps, un temps que je ne peux précipiter.
Chez moi, ce « chez moi » que je découvre à nouveau, après tant d’années à vadrouiller dans les grands espaces, je me sens étrangère. J’ai des projets, oui. De beaux projets, comme ce café littéraire que je rêve d’ouvrir, un lieu chaleureux mêlant bibliothèque, bouquinerie et refuge pour chats. Mais pour l’instant, je suis encore entre deux mondes.
Les travaux à la maison, le potager à remettre en place, l’espace à aménager… tout cela devrait m’ancrer, me redonner une dynamique. Pourtant, j’avance à petits pas. Il m’arrive souvent de ne rien faire, de me laisser happer par des films sans intérêt, juste pour oublier. Oublier que Ganesh et Gaya ne sont plus là, que la vie a changé, profondément.
Se reconstruire après la séparation : apprendre à vivre autrement
Parfois, le soleil perce à travers cette brume intérieure. Un rayon qui me réchauffe, un instant de joie simple. Une sortie en ville avec mon vélo, un déjeuner dehors, un sourire échangé. Ces moments sont fugaces, mais ils existent, et je m’y accroche.
Je sais qu’il me faut du temps, que je dois accepter cette période de transition. Je suis encore en train de me réinventer. Les félins qui partageront bientôt mon quotidien, dans ce café littéraire en devenir, auront besoin de moi, d’une énergie nouvelle. Je dois me préparer à prendre soin d’eux, à créer un espace où humains et animaux trouveront réconfort et sérénité.
Vers un nouveau départ : l’espoir d’une renaissance
Aujourd’hui, malgré la peine, malgré les doutes, je garde espoir. L’espoir que ce deuil finira par laisser place à la paix. L’espoir que Ganesh et Gaya vivent une vie pleine et heureuse, comme ils le méritent. L’espoir que ce « chez moi » devienne enfin un lieu où je me sentirai bien, entourée de livres, de chats, de douceur.
Je ne suis pas encore arrivée, mais j’avance. Un pas après l’autre, vers un avenir à réinventer. Et peut-être, un jour, en regardant en arrière, je verrai cette période comme celle d’une renaissance. Une étape nécessaire pour écrire un nouveau chapitre, riche de souvenirs, mais ouvert sur l’infini des possibles.
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C’est dure à lire, mais j’espère que cette fois sera la bonne. Tu as déjà fait du bien de les sauver d’une situation lamentable.
Un grand merci à toi Justin. Je crois que c’est une belle famille que j’ai trouvé et j’espère qu’ils y resteront.