Dans Sauvagines, Gabrielle Filteau-Chiba signe un thriller psychologique d’une puissance rare, qui mêle tension narrative, introspection féminine et immersion sensorielle dans les forêts profondes du Québec. La version audio, portée par l’intensité singulière de la comédienne Audrey Brisson, offre une expérience d’écoute immersive et viscérale. À travers la voix de Raphaëlle, garde-forestière solitaire et farouche, l’auditrice est entraînée dans un huis clos à ciel ouvert, où la nature, magnifique et menaçante, devient un personnage à part entière.
Une immersion envoûtante dans la forêt québécoise
Dès les premières minutes d’écoute, Sauvagines enveloppe l’auditeur dans une atmosphère dense, brute et sensorielle. Gabrielle Filteau-Chiba excelle dans l’art de dresser le décor : la forêt boréale du Kamouraska, territoire majestueux, sauvage et indompté. Les descriptions naturalistes, précises sans être pesantes, font vibrer les sens : l’odeur de la terre humide, les bruissements du vent dans les branches, les traces fraîches dans la neige… On sent le froid nous mordre, la solitude nous envelopper, et les regards invisibles guetter dans l’ombre.
L’auteure puise dans ses propres expériences de vie en région reculée pour rendre palpable cette tension entre beauté et danger. La forêt devient à la fois refuge et piège, théâtre d’une chasse à l’homme insidieuse où le prédateur n’est pas toujours celui qu’on croit.
Un personnage principal fort et inoubliable :
Raphaëlle, femme des bois et combattante
Raphaëlle est l’âme vibrante de Sauvagines. Garde-forestière aguerrie, elle vit seule dans une roulotte, accompagnée de sa fidèle chienne Coyote. Dès les premiers instants, elle séduit par sa force, sa résilience, mais aussi sa vulnérabilité assumée. C’est une femme libre, indépendante, écorchée par la vie mais jamais soumise. Sa solitude n’est ni triste ni héroïque : elle est choisie, revendiquée, presque militante.
Le style de Gabrielle Filteau-Chiba épouse parfaitement la pensée de Raphaëlle, mélange de lucidité brutale, de poésie désenchantée et de colère sourde. Sa voix, incarnée avec justesse et émotion par Audrey Brisson dans la version audio, nous touche droit au cœur. Son accent québécois ajoute une authenticité rare, qui ancre profondément le récit dans son terroir et renforce l’effet d’immersion.
C’est à travers les yeux de Raphaëlle que l’on découvre les violences — visibles ou invisibles — que subissent les femmes, les territoires, les animaux. Elle devient une figure d’écoguerrière, une justicière sauvage, guidée non par la vengeance gratuite, mais par un besoin profond de réparation et de respect.
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Un thriller psychologique au rythme tendu et à la tension croissante
L’intrigue se déploie avec une efficacité redoutable. Ce n’est pas un thriller d’action au rythme effréné, mais un récit de tension psychologique, de traque insidieuse, où le danger se tapit et se dévoile peu à peu. Le déclencheur est simple, brutal : la chienne de Raphaëlle est retrouvée grièvement blessée par un piège illégal. Ce choc émotionnel devient le catalyseur d’un basculement. Dès lors, la peur s’installe, mais aussi la rage.
Les indices s’accumulent : des traces humaines autour de sa roulotte, des marques de menace, une peau de coyote sur son lit… Le lecteur (ou l’auditeur) ressent chaque montée d’angoisse, chaque regard dans l’obscurité, chaque souffle retenu. Gabrielle Chiba joue avec nos nerfs sans jamais céder à la facilité ou au spectaculaire. Tout est suggéré, construit avec minutie. C’est ce qui rend ce thriller profondément efficace : il nous prend aux tripes tout en nous faisant réfléchir.
Une galerie de personnages secondaires touchants et emblématiques
Autour de Raphaëlle gravitent peu de personnages, mais chacun est finement dessiné. Lionel, vieil ami bourru et loyal, incarne une forme de sagesse rurale et de bienveillance protectrice. Il n’est pas là pour sauver l’héroïne, mais pour la soutenir dans sa lutte, la reconnaître dans sa force.
Et puis il y a Anouk, l’ermite, l’insaisissable, l’alliée inattendue. Personnage féminin magnétique, elle incarne une forme de sororité puissante et instinctive. Entre elle et Raphaëlle naît une complicité sans fard, une alliance née de la terre, du silence et de la colère commune. Ce duo féminin, loin des stéréotypes, fait toute la richesse du roman.
Une œuvre engagée :
féminisme, écologie et lutte contre la violence
Sauvagines n’est pas qu’un thriller captivant : c’est aussi un manifeste. Gabrielle Filteau-Chiba y dénonce la violence faite aux femmes, aux animaux, à la nature. Elle tisse des liens entre ces trois formes d’oppression, les met en parallèle, sans jamais sombrer dans le didactisme. Le récit reste profondément incarné, porté par des émotions brutes, des choix radicaux, des silences éloquents.
C’est cette portée engagée, couplée à la puissance narrative, qui rend ce roman si marquant. Il bouleverse autant qu’il captive. Il questionne autant qu’il divertit. Il laisse des traces, comme les empreintes dans la neige autour de la roulotte de Raphaëlle.
Conclusion :
Un coup de cœur audio et littéraire à ne pas manquer
Écouté d’une traite jusqu’au bout de la nuit, Sauvagines m’a laissée ébranlée et admirative. La voix d’Audrey Brisson a donné vie à un personnage inoubliable, dans un récit qui mêle avec brio suspense, engagement et poésie sauvage. Gabrielle Filteau-Chiba rejoint d’emblée la liste de mes auteures à suivre de très près.
Si vous aimez les thrillers psychologiques atmosphériques, les personnages féminins puissants et les récits ancrés dans une nature omniprésente, ce roman est fait pour vous. Disponible dans l’abonnement Audible, il serait dommage de passer à côté de cette pépite littéraire québécoise.
Ma recommandation est claire : à découvrir sans hésiter.
À propos de l’auteure :
Gabrielle Filteau-Chiba, une voix engagée enracinée dans la forêt
Gabrielle Filteau-Chiba n’écrit pas la nature : elle la vit, l’habite et la défend. En 2013, elle quitte la ville pour s’installer seule dans une cabane en bois au cœur du Kamouraska, une région sauvage de l’Est québécois. Pendant trois ans, elle y vit en quasi-autarcie, sans eau courante, sans électricité, ni réseau — une expérience radicale qui nourrira profondément son œuvre.
De cette retraite naît une trilogie littéraire profondément enracinée dans cette terre : Encabanée, Sauvagines et Bivouac, trois romans liés par une même quête de liberté, d’écologie et de sororité. Traduites en six langues et saluées par la presse comme par les libraires, ces œuvres sont aujourd’hui en cours d’adaptation au cinéma.
En 2023, Gabrielle Filteau-Chiba dévoile une autre facette de sa sensibilité en publiant La Forêt barbelée, son premier recueil de poésie, aux éditions du Castor Astral. Une plume à la fois brute et poétique, engagée et contemplative, qui fait d’elle une autrice incontournable de la littérature québécoise contemporaine.
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Un thriller qui semble fort et dénoncer de manière percutante certaines violences. Quant à Raphaëlle, ça semble le genre de personnages qui reste longtemps en tête.