Interview de Fleur Meuron – thriller psychologique – Prisonnières

J’ai eu la chance de découvrir Prisonnières en avant-première grâce à la confiance de Fleur Meuron. Ce thriller psychologique percutant m’a profondément bouleversée. Écrit à la première personne, comme un témoignage, il explore avec justesse et brutalité l’univers glaçant d’une secte matriarcale, et le combat d’une mère pour sauver sa fille… et sa petite-fille. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous proposer une interview exclusive avec son auteure, pour plonger dans les coulisses de ce roman coup de cœur.

1. Fleur Meuron, merci d’avoir accepté cette interview. Pour commencer, pouvez-vous nous raconter la genèse de ce roman ? D’où vous est venue l’inspiration pour Prisonnières ?

Merci à vous pour l’invitation ! Prisonnières a la particularité d’être né pendant mon sommeil,
lors d’un cauchemar particulièrement violent, et si intense qu’il m’a réveillée (chose qui
m’arrive rarement d’habitude).
J’étais à la place de cette mère qui assistait à une cérémonie sacrificielle, et sa fille très
enthousiaste à ses côtés. Au matin, j’ai tout de suite noté tous les détails sur mon téléphone. Je
savais déjà que j’en ferais quelque chose. Peu de temps après, j’ai mis le mot « secte » sur ce
que je venais de voir. À partir de là, j’ai commencé à me documenter. Ce sujet m’interpellait
beaucoup.

2. Vous avez choisi une narration à la première personne, comme un témoignage. Était-ce une évidence pour vous dès le début ? Qu’est-ce que ce choix vous a permis d’exprimer ?

Étant donné l’expérience très vive que j’ai eue dans mon sommeil, le « je » était dans un coin
de ma tête. Mais j’avais peur que ça soit trop prenant à l’écriture. Alors, j’ai d’abord écrit à la
troisième personne, comme j’ai l’habitude de faire. Mais ça ne fonctionnait pas. Après dix
chapitres, j’en ai parlé à ma coach littéraire qui m’a proposé de faire un essai à la première
personne. Et finalement, j’ai continué ! L’écriture était beaucoup plus fluide !
Je me suis complètement plongée dans le personnage d’Évelyne. Il y avait des moments où
c’était difficile, car je ressentais vraiment son malaise et ses propres émotions, mais c’était pour
le bien du récit. On est au plus près de son personnage et ça renforce la tension.

⭐ 3. Le roman aborde des sujets très forts : la manipulation sectaire, les violences sexuelles, l’amour maternel inconditionnel… Comment avez-vous travaillé ces thématiques, à la fois émotionnellement et documentativement ?

Pour ce qui est de l’amour maternel et des violences sexuelles, je m’étais déjà documentée
dessus pour mes romans précédents. Ce sont des thématiques plutôt récurrentes dans mon
œuvre, et qui me touchent particulièrement.
Concernant la manipulation sectaire, j’ai d’abord visionné beaucoup de témoignages
d’anciens adeptes et des documentaires sur le sujet. Je me suis attachée à comprendre les
mécanismes visuels et de langage ainsi que l’attitude des gourous principalement. Et comment
je me sentais vis-à-vis de tout ça. Qu’est-ce qu’une personne extérieure ressentirait ? C’était
éprouvant, mais intéressant. Une fois que je visualisais mes personnages dans ses situations, je
pouvais leur prêter les émotions que j’ai perçues ou ressenties.

⭐ 4. Abyssia, la secte fictive du roman, est terrifiante par sa crédibilité. Vous êtes-vous inspirée de cas réels ou de recherches spécifiques sur les communautés sectaires ?

Je dirais que c’est un mélange de plusieurs cas : je suis partie d’un documentaire sur les
témoins de Jéhovah et j’y ai ajouté quelques aspects vestimentaires de la culture mormone.
Enfin, j’ai terminé avec la dimension horrifique des sacrifices, imaginée à partir de ma culture
fantastique. Je ne citerai pas tous les films et séries que j’ai pu voir, mais en voici quelques
exemples : Les Éblouis de Sarah Suco (2019), MidSommar (2019) et Nine Perfect Strangers
(2021).
J’ai tellement consommé de vidéos sur le sujet, qu’à la fin j’ai eu besoin de me changer les
idées !

⭐ 5. Évelyne est un personnage bouleversant, aussi fort que brisé. Qu’avez-vous voulu transmettre à travers son parcours ? Vous êtes-vous attachée à elle comme à une personne réelle ?

À travers Évelyne, je voulais montrer que le courage et la recherche du pardon sont plus forts
que tout. Même si elle ressent beaucoup de culpabilité et de peur, elle franchit les difficultés
pour finalement atteindre la résilience.
Évidemment, il y a une part de moi en elle, donc je ne pouvais que m’attacher à cette femme
qui se dépasse. En écrivant, j’avais peur et je me battais tout comme elle. D’ailleurs, tous les
personnages ont fini par prendre vie, car ils ont littéralement réécrit la fin de l’histoire…

⭐ 6. On ressent dans votre écriture une tension constante, presque viscérale. Comment travaillez-vous le suspense et l’émotion dans vos scènes clés ?

J’essaye autant que possible de vivre la scène à la place de mon personnage, pour être au plus
près des ressentis physiques et des pensées qui pourraient le traverser pendant une scène. C’est
en m’attardant sur les stimuli et les détails que la scène devient presque réelle et transmet son
essence au lecteur.
Quant au suspense, eh bien… Il repose beaucoup sur les non-dits et les éléments qui se jouent
en coulisse. Et comme un magicien détourne l’attention, je vous focalise sur les émotions et
l’environnement du personnage donc vous oubliez presque le reste. C’est à ce moment que
survient un événement que vous n’aviez pas vu arriver généralement.

⭐ 7. Certaines scènes peuvent choquer, voire heurter. Avez-vous hésité à aller aussi loin dans la noirceur ? Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre dureté et pudeur ?

Je n’hésite jamais quand il s’agit de montrer la réalité de l’âme humaine. Et la réalité dépasse
la fiction. S’il y a bien un élément essentiel pour moi en tant qu’autrice, c’est de dire et
montrer les choses telles qu’elles existent ou peuvent exister. Déjà pour que ça soit crédible, et
aussi parce que c’est le propre du genre.
Bien sûr, l’idée n’est pas de choquer gratuitement. Le récit sert un message, et mes
personnages, même s’ils font des choses horribles, ont toujours une bonne raison de le faire.

L’équilibre s’impose plus ou moins de lui-même, pour une question de rythme du récit. Et
aussi, parce que ce serait vraiment éprouvant pour moi si je n’écrivais que des scènes dures !
D’ailleurs, un enchaînement de scènes choc n’aurait pas le même effet si on les distillait entre
quelques scènes calmes. C’est de cette façon que l’on augmente la tension.

⭐ 8. La maternité est au cœur du récit, mais dans une version radicale, désespérée. Quelle vision de la maternité souhaitiez-vous explorer avec ce roman ?

Je voulais montrer que, sous couvert de l’amour maternel et la culpabilité de voir l’histoire se
répéter, une mère est capable de tout. Même du pire. Que ça soit Évelyne avec Aurore ou
Aurore avec sa propre fille, elles ont toutes les deux de l’amour et c’est ce qui motive leurs
actions. Même si elles l’expriment de façon différente.

⭐ 9. Prisonnières est un véritable page-turner, mais aussi une œuvre qui pose des questions morales et humaines profondes. Quelle réaction espérez-vous provoquer chez vos lecteurs ?

C’est un peu ma marque de fabrique : j’aime soulever des questions morales et mettre le doute
chez mon lectorat ! Il y aura sans doute du dégoût, ou des larmes au détour des derniers
chapitres…, certains me maudiront peut-être ! Mais j’espère surtout qu’ils ressentiront la paix
et l’acceptation d’Évelyne à la fin. La résilience, c’est le beau cadeau que je lui ai fait. Et il
n’aurait pas eu la même saveur si elle n’avait pas vécu toute cette histoire.

⭐ 10. Ce roman laisse certaines zones d’ombre, notamment dans la relation mère-fille. Avez-vous envisagé une suite, ou considérez-vous que le silence fait partie de la force du roman ?

C’est un one-shot, je n’ai donc pas prévu de réutiliser ces personnages ou cet univers. J’ai
effectivement transmis le message que je souhaitais et si je n’ai pas répondu à tout, c’est que
cela n’apportait pas plus au récit. En effet, il n’est pas toujours nécessaire de tout dire pour
garantir l’impact du récit. De plus, le silence fait bien partie de la thématique.

⭐ 11. Si vous deviez résumer Prisonnières en une phrase pour convaincre un lecteur de l’ouvrir, que diriez-vous ?

La quête d’une mère pour sauver sa fille d’une secte.

⭐ 12. Enfin, quels sont vos projets d’écriture à venir ? Restez-vous dans le thriller psychologique ou explorez-vous d’autres horizons littéraires ?

Après Prisonnières, j’ai le second tome de ma série policière « Obsession » en préparation et
également un recueil de Nouvelles thriller et fantastique. Je reste attachée au genre du thriller,
car c’est vraiment cette dimension psychologique qui m’attire. De plus, il y a tellement de
sujets actuels à mettre en scène que je ne suis pas près de m’ennuyer !


💬 À vous maintenant…

Cette plongée dans l’univers de Prisonnières vous a-t-elle donné envie de découvrir le roman ? Quelle question auriez-vous posée à Fleur Meuron ?

Je vous invite à me laisser un commentaire ou à m’écrire sur Instagram pour échanger ensemble 📩

🔖 Prisonnières, thriller psychologique de Fleur Meuron

📅 Sortie : 9 juillet 2025

📚 262 pages

👉 Disponible sur vos plateformes habituelles.

Author: Angelique

J’ai créé Entre Mots et Moustaches, un espace chaleureux où se rencontrent ma passion des livres, ma créativité et mon amour des animaux. Chroniqueuse littéraire et bêta-lectrice, j’écris actuellement mon premier roman, que je souhaite publier le 25 avril 2026, une date symbolique pour moi.
Après dix années auprès de mes chevaux, un accident m’a guidée vers un nouveau projet : l’ouverture d’un bar à chats en partenariat avec la SPA et La clé des chats, mêlant café littéraire, bouquinerie et reiki, une philosophie que je pratique au quotidien depuis 2020. Entre nature, randonnées et instants gourmands, je poursuis mon chemin en tissant des liens entre mots, animaux et spiritualité.


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4 thoughts on “Interview de Fleur Meuron – thriller psychologique – Prisonnières

  1. Merci pour cette interview. Bien que je n’aie pas lu le roman, c’était intéressant d’en découvrir les coulisses et le travail de recherche réalisé par l’autrice.

  2. Cette interview me pousse à faire la connaissance de l’ouvrage et de l’auteure. Merci d’avoir développé la chronique.