Chaque lundi, je vous présente ma découverte littéraire de la semaine. Aujourd’hui, je vous propose une dystopie de Pierre-Etienne BRAM : Deux degrés et demi. Un sujet qui nous concerne tous et dont l’auteur nous offre avec talent un aperçu de ce qui pourrait devenir notre avenir.
Réchauffement climatique : le bilan
Luke Mons toise les représentants des pays de notre terre, l’ONU siège derrière le promontoire.
« Savez-vous pourquoi vous avez tous échoué ? Car vous avez agi en tant que dirigeant d’un pays, et non en tant qu’habitant de cette terre. Vous n’avez pensé qu’au micro, au lieu de voir le macro. Vous supposiez que demain, ça irait mieux, mais vous vous êtes trompés, car demain, ce sera pire. L’erreur est humaine, malheureusement on aura pas de seconde chance. »
Cet entrepreneur propose une solution immédiate, mondiale et bien au-delà de la politique. Chaque individu va devoir faire preuve d’engagement dans un système de calcul de l’emprunte carbone. Un permis à points de l’écologie (les EGP) encadré par T.I.T Corp (Tomorrow Is Today).
Nous sommes en 2028 et malgré l’impact des actions humaines sur le dérèglement climatique, le projet de Luke Mons ne fait pas l’unanimité. Mais ce riche milliardaire, multi-entrepreneur promet l’Éden pour un seul million d’élus. La course aux EGP est lancée 😉
Léo, Cléa et Mathilde
Les EGP ont presque remplacé la monnaie et chaque choix peut coûter en EGP alors Léo achète local et de saison, sans viande et l’explique à sa belle fille Cléa. Cléa est une adorable petite fille dont les poumons sont fragilisés par la pollution et Léo voudrait lui offrir un avenir plus frais et de l’air pur. Il s’engage dans un programme destiné à nettoyer le vortex de l’atlantique nord, le 7ème continent, celui des déchets les plus toxiques. Une mission longue, loin de sa famille, mais payante en EGP.
Il embarque et fait la connaissance de Lenka, Kouame, Thomas et travaille sans relâche pour faire partie des élus de Luke Mons. Lenka, Kouame, Léo et sa famille gagneront ils leur caisson d’hibernation ?
Une aventure pour la vie…
Nombreuses sont les surprises dans cette course à la survie, cette fuite du monde que nous avons détruit. Ce roman est sorti en 2019 et dans son préambule, Pierre-Etienne BRAM nous rappelle que nous connaissons la situation depuis longtemps. Le 8 octobre 2018, les scientifiques ont pourtant essayé d’alarmer l’humanité à travers le rapport du G.I.E.C. sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C …
On nous demandait d’agir et c’était urgent en 2018 alors où en sommes-nous en 2022 ? Ce roman se situe en 2028 et annonce une bien faible qualité de vie. Mais en réalité, nous le savons tous, n’est-ce pas ? L’humain est la seule espèce capable de d’auto-détruire pour avoir un compte en banque sécurisant, un confort qui s’apparente à la fainéantise et une absence de conscience hors du commun.
Ce roman a un réel intérêt, celui de la prise de conscience éventuelle du lecteur.
Un thriller d’anticipation ?
On peut éventuellement donner une catégorie du domaine de l’imaginaire mais ce que j’ai lu est une uchronie, un récit d’évènements fictifs à partir d’un point de départ historique, le fameux G.I.E.C.
Une lecture partagée entre espoir et triste constat. D’un coté, des politiques qui ménagent la chèvre et le chou; de l’autre, un industriel qui s’impose avec des mesures drastiques. A l’approche des élections Présidentielles en France, un candidat qui tiendrait le discours de Luke Mons serait éliminé par la grande majorité des électeurs 😉
Repensez-y quand vous le lirez. L’espèce humaine est étrange et dangereuse, Pierre-Etienne BRAM rend ses personnages particulièrement réels. Ne croyez pas que toute la population mondiale s’investit dans le programme de Luke Mons. Beaucoup continuent à privilégier leur confort personnel sans aucune pensée pour leurs enfants. Ils sont fatalistes, agressifs ou abandonné depuis bien longtemps l’idée même de faire un geste.
Ces fameux « petits gestes » dont on dit aujourd’hui qu’ils sont inutiles… Chez l’humain, l’autre est toujours pire alors pourquoi se priver ?
Où en est-on aujourd’hui ?
La montée du niveau des eaux à cause de l’activité humaine est une certitude, de nouveau rappelée par les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), lundi 28 février 2022. En France, cela va toucher des dizaines, voire des centaines de communes du littoral. Un million d’habitants pourraient être inondés chaque année en 2050, annonce une étude dans la revue Nature, publiée en octobre 2019.
Pour comprendre le phénomène, un seul exemple suffit : le glacier Thwaites en Antarctique, surnommé «le glacier de l’Apocalypse», menace de s’effondrer. Ce géant grand comme la Grande-Bretagne, se fissure de plus en plus vite. S’il venait à disparaître, à lui seul, il ferait s’élever le niveau de la mer à l’échelle planétaire de 64 centimètres. Qu’en pensez-vous ?
Il n’existe pas de stratégie globale à l’échelle nationale. Au mieux, elle est régionale, voire communale. Il revient à chaque industriel et collectivité territoriale de s’organiser, avec plus ou moins de succès, et de souvent choisir entre trois possibilités : le repli stratégique, l’adaptation de l’existant et la lutte. Quel est votre choix ?
« Pour un politique, débloquer ces fonds, ce n’est pas évident. S’il explique à la population qu’il fait cela maintenant pour un problème qui arrivera dans 60 ans, les gens ne vont pas forcément bien réagir et il ne sera pas réélu. Donc c’est plus intéressant pour l’élu de faire du greenwashing, en rajoutant du vert, parce que la population peut le voir directement. Ça rapporte plus électoralement. » (Enquête d’Actu)
En conclusion
L’auteur, à travers son roman, embarque ses lecteurs dans une réflexion sur la situation climatique : Deux degrés et demi, le titre est évocateur 😉 Mais nous sommes loin de toute pensée philosophique dans l’ambiance chaleureuse d’une bibliothèque. Les personnages vivent une véritable course contre la montre, persuadés que Luke Mons détient la solution. Cet entrepreneur utilise ses moyens financiers pour sauver sa peau, ne vous y trompez pas. Mais vous êtes loin d’imaginer l’ampleur du projet T.I.T.
Le lecteur est le jouet de rebondissements inattendus et de retournements de situations. Jusqu’à la dernière page, le suspens est maintenu sur le devenir des personnages auxquels nous nous sommes attachés. L’amour est-il l’espoir des hommes ? Léo est ce personnage de lumière, celui qui va jusqu’au bout pour ceux qu’il aime mais bien sûr, on se demande où sont ses limites.
Un agréable moment de lecture, une belle plume avec une intrigue très bien menée.
L’auteur se présente
Je suis né de parents musiciens en 1980 à Orléans où j’ai passé toute mon enfance et mon adolescence. À l’époque, je n’étais pas très branché lecture, je préférais faire du volley, jouer de la guitare électrique et aux jeux vidéos (ça n’a pas vraiment changé…). Une fois mon diplôme d’informaticien en poche, je me suis installé en région Parisienne. Génération Internet oblige, je me suis familiarisé très tôt avec le web 2.0 et j’ai tenu plusieurs blogs. En 2012, c’est suite à une rupture amoureuse suivie d’une rencontre sur Internet que je vais trouver l’inspiration pour écrire mon premier manuscrit : « L’interphone ne fonctionne toujours pas » qui sera publié quelques années plus tard chez Rebelle Éditions. En 2019, je choisis de me lancer dans l’autopublication en changeant totalement de style avec le thriller d’anticipation « Projet Mars Alpha » suivi de « Deux degrés et demi ».
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» Beaucoup continuent à privilégier leur confort personnel sans aucune pensée pour leurs enfants. » Cela représente une bonne partie de mon entourage et connaissances sans oublier les climats sceptiques qui réfutent tous les rapports… Même si c’est couvert de fiction, l’auteur a l’air d’engager une belle réflexion sur le changement climatique.
Bienvenue dans le monde 😉 de la connerie humaine.
Autour de moi, seuls les anciens regardent la terre. J’ai beaucoup apprécié l’engagement de l’auteur ainsi que sa réflexion « après coup ». Le bouquin montre l’éolien comme « propre » et j’en ai discuté avec lui. Mais il était déjà revenu dessus (l’éolien est plus polluant que le nucléaire) avec de nombreux arguments qu’ils n’avaient pas lors de l’écriture.
Si seulement ce genre de dystopie pouvait ouvrir les esprits 🙂.
Mais en fait, je n’en ai pas l’impression. Et ce que je vois autour de moi n’est pas réjouissant.
Hélas, mais il y a heureusement quelques personnes plus alertes comme toi… même si je les aimerais plus nombreuses.
Oh, je ne sers à rien. Je n’ai pas beaucoup de fan 😉 qui suivent l’exemple.
J’ai d’ailleurs surtout des détracteurs 🤔