Ce mois d’aout qui défile trop vite reste pour moi un temps de lecture. Dix chocolats, de Karine DERAEDT, est un bouquin qui, sitôt arrivé chez moi, a pris sa place dans mon coin lecture (la loveuse dans laquelle je dévore les pages). Tout m’attirait dans cette lecture et je n’ai pas été déçue, c’est un gros coup de cœur inoubliable.
« Dix chocolats »
« Dix chocolats » de Karine DERAEDT est bien plus qu’un simple roman ; c’est une plongée poignante et bouleversante dans l’univers de la souffrance humaine, de la résilience, et des décombres laissés par la maltraitance. Dès les premières pages, j’ai ressenti l’urgence et la profondeur de l’histoire de Laure, une jeune femme de vingt-huit ans déterminée à reconstruire les bribes de sa vie à travers le prisme d’une expérience de psychiatrie. Ce récit m’a touchée au plus profond de moi, révélant un réalisme qui résonne terriblement : Laure n’est pas seulement un personnage de fiction, elle pourrait être vous ou moi.
La force de « Dix chocolats » réside dans son écriture brute et sincère, un style qui nous entraîne dans les méandres sombres et intimes de l’esprit de Laure. Au fil de son récit, elle nous fait visiter un monde à la limite de l’insupportable, où l’isolement devient refuge et la souffrance, une compagne silencieuse. La description des murs glauques et sinistres de l’hôpital se mêle à celle des autres patients, des naufragés de la vie, chacun portant son propre fardeau. J’ai vécu chaque moment avec elle, ressentant une empathie si forte qu’il m’était difficile de refermer le livre.
L’auteur aborde avec une finesse remarquable le thème universel de la maltraitance et de ses conséquences dévastatrices. Laure, à travers la thérapie et les souvenirs, nous fait découvrir l’intensité des violences subies, mais aussi la lumière qui émerge au milieu des ténèbres. Les révélations s’enchaînent, violentes et émouvantes, tel un puzzle complexe qui se reconstitue à rebours. Cette construction narrative, où passé et présent s’entrelacent, évoque un bâtiment menacé d’effondrement, questionnant sans cesse ses fondations. C’est une métaphore saisissante de la fragilité de notre existence.
Une phrase résonne à travers le texte : « Il faut au moins dix chocolats pour effacer le goût d’une seule merde. » Ces mots, prononcés par la thérapeute, sont emblématiques de l’œuvre. Ils symbolisent l’amour, le réconfort et la douceur nécessaires pour apaiser les blessures. La chocolaterie, douce et indulgente, devient alors un emblème de résilience dans le désespoir.
« Dix chocolats » est un roman intimiste et profondément humain. Karine DERAEDT réussit à illuminer les ombres de la souffrance tout en questionnant les responsabilités de ceux qui, par leur silence, peuvent devenir complices de la douleur. Laure est un personnage inoubliable, difficile à quitter, dont le parcours m’a bouleversée et m’a permise de réfléchir sur les échos du passé et la quête de rédemption.
- Éditeur : Librinova (18 décembre 2023)
- Langue : Français
- Broché : 297 pages
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En conclusion, ce livre est une lecture coup de cœur, une œuvre qui touche droit au cœur, à ne surtout pas manquer. Je vous invite à plonger avec Laure dans cet univers chargé d’émotions, où les chocolats ne sont pas simplement une friandise, mais un outil de résilience pour affronter les douleurs de la vie.
« Dix chocolats » de Karine DERAEDT est un roman riche qui aborde des thèmes profonds et complexes tout en mettant en avant des personnages marquants, dont Laure est le cœur battant. Analysons les thèmes centraux et les personnages clés pour en dégager une compréhension plus approfondie.
Thèmes
1. **La maltraitance**
La maltraitance, qu’elle soit physique, psychologique ou émotionnelle, constitue le fil rouge du récit. DERAEDT ne se contente pas de décrire les abus subis par Laure ; elle met également en lumière l’impact durable que cela a sur sa vie. Ce thème universel est abordé à travers les souvenirs de Laure, qui reviennent comme des vagues de douleur, la hantant à chaque étape de son parcours. La capacité de l’auteur à dépeindre ces expériences avec une telle authenticité souligne l’importance d’écouter les victimes et de comprendre les conséquences de l’abus.
2. **La résilience**
Au cœur de l’histoire, la résilience émerge comme un thème fort. Laure, malgré ses souffrances, montre une volonté inébranlable de se reconstruire. L’hôpital psychiatrique devient à la fois un lieu de refuge et un cadre d’exploration personnelle. À travers ses séances de thérapie, elle commence à déconstruire ses traumatismes, cherchant à transformer ses blessures en une force vitalisante. Les « dix chocolats » symbolisent cette recherche de douceur dans un monde souvent amer, et ils deviennent une métaphore de l’espoir et de la guérison.
3. **L’amour et la responsabilité**
La complexité des relations familiales est également un thème central dans le roman. DERAEDT interroge les liens affectifs, notamment l’amour filial, en montrant comment certaines dynamiques peuvent devenir toxiques. Les personnages adultes de Laure, y compris sa famille, sont souvent dépeints comme complices de la maltraitance par leur silence ou leur inaction. Ce questionnement sur la responsabilité de ceux qui observent ou entendent et choisissent de ne pas agir ajoute une couche de tension morale au récit. Il pose la question : où s’arrête l’amour et où commence la complicité ?
4. **La quête d’identité**
Avec ses pages chargées d’émotions, le roman explore également la quête d’identité de Laure. Isolée, elle se sent perdue dans une société qui ne lui a pas toujours tendu la main. En confrontant son passé, elle commence à se redéfinir, à se réapproprier son histoire. Cette quête d’identité est essentielle pour sa réhabilitation, car elle apprend à se voir comme quelqu’un de plus que sa douleur.
Personnages
1. **Laure**
La protagoniste, Laure, incarne la souffrance et la résilience. Son hospitalisation en psychiatrie devient non seulement un refuge, mais aussi un lieu où elle peut commencer à se réconcilier avec son passé. Elle est présentée comme une jeune femme complexe, marquée par la douleur mais aussi par une force intérieure qui est souvent sous-estimée. Sa vulnérabilité la rend d’autant plus authentique et attachante. L’évolution de Laure à travers le récit est poignante, et chaque souvenir qu’elle partage est une pièce de son puzzle personnel.
2. **La thérapeute**
La thérapeute de Laure joue un rôle crucial dans son cheminement. Elle est à la fois une guide et un catalyseur de changement, apportant des perspectives nouvelles à un esprit tourmenté. La phrase clé sur les “dix chocolats” donne un aperçu de sa manière d’aborder la guérison : elle comprend l’importance d’apporter de la douceur dans des moments de cruauté. Ce personnage incarne l’espoir et les possibilités de résilience, tout en rappelant que la guérison est un processus exigeant et non linéaire.
« Dix chocolats » est une œuvre qui va au-delà de la simple narration d’une histoire personnelle. Par ses thèmes forts et ses personnages nuancés, Karine DERAEDT nous confronte à la cruauté de la vie tout en offrant des lueurs d’espoir et de résilience. Les relations entre les personnages, notamment celle entre Laure et sa thérapeute, ainsi que les échos de la maltraitance et de la quête d’identité, créent une profondeur émotionnelle fascinante. Ce roman nous pousse à réfléchir sur le poids du silence, la complexité des liens humains et la force du processus de guérison. C’est une lecture qui demeure avec nous bien après la dernière page, une invitation à considérer les histoires cachées derrière les sourires et à questionner notre propre implication dans le récit des autres.
Karine DERAEDT
Karine DERAEDT vit dans un petit village du Nord de la France. Elle exerce le métier d’éducatrice.
En 2022, elle s’est accordée une année sabbatique pour écrire son premier roman « DIX CHOCOLATS » et quelques nouvelles qui ont été primées lors de concours littéraires. En juin 2023, « Dix chocolats » gagne le prix Thérèse Gabriel – distinction qui, chaque année, permet à un manuscrit non publié de financer son autoédition.
Un second roman est en cours de maturation… Karine attend de la littérature qu’elle bouscule, dérange, malmène… A l’opposé donc du « feel good ».
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Un roman qui a l’air poignant et marquant !
Il m’a beaucoup touchée