Rhô, déjà mi-juillet, le ciel bleu, les vacances et du temps pour lire. Si mes lectures m’ont particulièrement embarquées jusqu’à aujourd’hui, vous allez découvrir mon avis très partagé sur un roman entre exploration aquatique et quête de sens. Je vous présente Abysses parallèles de Serge Robert.

Une promesse d’aventure entre Bob Morane et Jules Verne

Publié le 12 avril 2025, Abysses parallèles – Tome 1 : Utopia est le premier opus d’une saga imaginée par Serge Robert, auteur voyageur inspiré par un tour du monde de huit mois. Il nous propose un roman d’aventure contemporain, mêlant plongée sous-marine, course-poursuite internationale, et un soupçon de dystopie, le tout porté par une promesse : « Imaginez Bob Morane plongé dans un univers à la Jules Verne ». Intrigant, non ?

Le récit suit Didier d’Orville, photographe et plongeur amateur, embarqué bien malgré lui dans un périple mouvementé qui le mènera de Paris à Bornéo, en passant par des îles lointaines et mystérieuses. Entre une disparition inexpliquée, la fuite d’un ami traqué par une triade, et des secrets enfouis sous les eaux, l’intrigue se veut haletante et en constante évolution.

Mais au fil de ma lecture, c’est un ressenti ambivalent qui s’est imposé.

Une lecture à distance : quand l’émotion peine à émerger

Dès les premières pages, j’ai eu du mal à m’immerger émotionnellement dans l’histoire. Si le rythme est soutenu, les scènes s’enchaînent avec peu de temps pour s’attacher aux personnages ou ressentir leur évolution. J’ai eu l’impression de vivre le récit de l’extérieur, comme une spectatrice plus que comme une lectrice embarquée.

Serge Robert a choisi une écriture cinématographique, structurée en scènes brèves et dynamiques, une méthode qu’il explique en interview : chaque chapitre fonctionne comme une pièce de puzzle, écrite avec l’intention de faire monter la tension. Ce découpage donne au roman une réelle efficacité visuelle, mais peut aussi nuire à la profondeur émotionnelle. On avance vite, parfois trop.

Un fil narratif fragmenté, entre réalisme et fiction

Le roman alterne entre péripéties de terrain et rencontres successives : un personnage entraîne Didier dans une situation, puis un autre le redirige ailleurs. Le lecteur, comme le héros, est souvent ballotté d’un lieu à l’autre, ce qui finit par brouiller la lisibilité de l’ensemble.

Serge Robert revendique cette construction volontairement éclatée : il souhaitait reproduire la dynamique du voyage, avec ses imprévus, ses temps de flottement, ses virages inattendus. Inspiré d’expériences vécues à Kuala Lumpur et en Micronésie, il insuffle à son récit un réalisme géographique authentique, renforcé par des recherches précises sur les lieux traversés et les organisations criminelles évoquées.

Néanmoins, en tant que lectrice, je me suis parfois sentie perdue, en attente d’un fil rouge plus clair ou d’un enjeu fort auquel me raccrocher.

Le tournant narratif : un frisson d’utopie… vite interrompu

C’est à partir de la disparition de Yoko, personnage énigmatique, que j’ai cru que le récit allait enfin prendre son envol. Puis, une plongée finale, beaucoup plus immersive, m’a réellement happée : enfin, une ambiance, un mystère plus profond, une intrigue qui promettait d’ouvrir un nouveau pan du récit… Mais cette séquence arrive trop tard, juste avant la fin du tome.

Frustration. Car cette nouvelle dynamique, celle que l’auteur appelle le basculement vers la dystopie, est justement ce que j’aurais aimé vivre plus tôt et plus longtemps.

Des thématiques actuelles effleurées, mais porteuses

Sous ses allures de roman d’action, Abysses parallèles soulève des questionnements contemporains. Sans faire la leçon, Serge Robert aborde la manipulation, le tourisme sexuel, l’écologie marine, ou encore la quête de sens. L’auteur ne cherche pas à imposer un message, mais laisse ses personnages évoluer dans un monde en crise, où l’utopie est un mirage fragile.

Didier est un héros ordinaire, souvent dépassé, embarqué dans une réalité qu’il ne comprend pas toujours. Ce manque de contrôle, assumé par l’auteur, le rend plus humain, même si cela accentue parfois notre propre désorientation en tant que lecteur.

Une structure courte qui bride le potentiel

Avec 212 pages seulement, le roman propose beaucoup, mais n’a pas toujours le temps de développer. L’idée de faire évoluer un récit d’aventure vers une dystopie progressive est audacieuse — Serge Robert cite d’ailleurs le film Une nuit en enfer comme inspiration narrative — mais le passage est trop rapide pour créer un véritable choc ou une montée en tension durable.

L’auteur assume ce format, préférant une lecture compacte, bien découpée. Mais à mon sens, cette concision freine la maturation des thématiques et freine l’émotion. Le potentiel est là, mais en germe.

Un tome 2 attendu pour révéler toute la saga

Heureusement, Serge Robert l’affirme : Abysses parallèles est le début d’une saga pensée sur le long terme. Le second tome, intitulé Mu, plongera davantage dans l’univers utopique (ou dystopique) esquissé à la fin du premier tome. On y retrouvera Didier, et une partie des figures croisées dans ce premier opus.

L’auteur promet plus de développement, plus d’épaisseur, et une intrigue qui gagne en cohérence globale. Cette perspective me donne envie de poursuivre l’aventure, dans l’espoir d’un approfondissement à la hauteur des intentions.

Une exploration imparfaite mais prometteuse

Utopia, ce premier tome des Abysses parallèles, est une promesse d’ailleurs. Malgré une première moitié peu engageante, un rythme parfois déséquilibré et des émotions trop en retrait, j’ai perçu une vraie ambition narrative, des thématiques intéressantes, et une volonté de nous entraîner hors des sentiers battus.

Si ce tome ne m’a pas totalement convaincue, il m’a assez intriguée pour que je suive la suite. Car derrière les failles, perce une envie sincère de raconter, de faire voyager, de questionner.

Un roman pour ceux qui aiment les débuts mystérieux, les héros ordinaires et les récits qui bifurquent sans prévenir. À suivre, avec curiosité.

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Je poursuivrai probablement l’aventure si un second tome voit le jour, dans l’espoir que l’auteur développe pleinement ce qu’il esquisse ici. Il y a une matière passionnante, mais qui mériterait d’être creusée.

Et vous, avez-vous plongé dans les abysses de Serge Robert ? Ce premier tome vous a-t-il captivé ou laissé perplexe ? Partagez votre avis en commentaire, et n’hésitez pas à me dire si vous lirez la suite !