Interview et discussion avec Stéphane Lombard (Collines)

Hello 🙂 Allez, courage, c’est la fin de semaine. Pour votre prochaine lecture, j’ai partagé avec vous mon retour de lecture d’un roman que vous devez absolument découvrir : Collines, écrit par Stéphane Lombard qui a répondu à mes (trop) nombreuses questions. Sachez que cette interview pourrait soulever de nouveaux mystères alors sans plus tarder, découvrez un auteur que j’ai envie d’écouter, de lire, et que je remercie pour le temps qu’il m’a accordé.

Sur la genèse du roman

Qu’est-ce qui vous a inspiré l’histoire de Collines ? Y a-t-il eu un élément déclencheur, un souvenir, une sensation particulière ?

Il y a eu une succession de petites découvertes, des évènements qui ont façonné
l’histoire et toute la série, mais l’évènement déclencheur a été quand nous nous sommes
installés, ma femme et moi, dans le Morvan, il y a quelques années de ça maintenant.
On se promenait pour découvrir la région et pendant ce temps je prenais des notes, je
recevais toutes ces images, ces ambiances qui m’étaient inconnues, opposées, je les captais
et j’incubais quelque chose sans le savoir. Opposées parce que c’est un territoire totalement
en contraste avec ma région varoise et ma petite forêt d’origine. Ici, c’est la grande forêt, à
perte de vue, avec sa pluie et son humidité, sa brume épaisse, ses lacs. Autant dire qu’il y a
une ambiance spéciale, très propice à l’introspection et à l’imagination, idéale pour nourrir
ce genre d’histoires sombres et mélancoliques.
Et puis, à force de me balader, j’ai fini par tomber dessus : une abbaye, cachée en plein
cœur de la forêt, avec une architecture et une situation excitant l’imagination. Oui, l’abbaye
existe et elle est importante. Nous y passerons un peu temps, sous une forme modifiée et
adaptée bien sûr.
Mais ce fut aussi un rêve récurrent qui a déclenché ce qui nous intéresse aujourd’hui, à
savoir Collines 1. Je me souviens encore clairement de cette scène avec une fille blonde
acceptant un sachet en tissu d’une vieille dame devant un arbre plein de rubans rouges. Elle
était là, mauvaise comme une sorcière bien qu’innocente en apparence, et moi qui voyais la
scène je le savais, mais pas la fille qui y allait tandis que sa mère l’appelait au loin — mais
elle n’en faisait qu’à sa tête, à faire des secrets. C’était déjà Lisa, en substance.
Ce rêve m’est venu plusieurs fois. Au début, c’était involontaire, puis j’ai cherché à le
retrouver la nuit, pour le comprendre, l’explorer. J’aimais beaucoup l’idée, la sensation,
c’était tellement réel. Je savais que ça cachait quelque chose et j’étais séduit par l’ambiance
et les émotions qui s’en dégageaient.
Il ne m’en a pas fallu plus pour me lancer dedans, guidé par une intuition. J’avais trouvé,
comme le dit Stephen King dans « On Writing », un fossile, et il était énorme.
S’en est suivi une année entière de développement, d’exploration de chemins, de retours
en arrière, de prise de notes, de suppression de notes… Je cherchais à comprendre,
assembler les morceaux. J’avais l’impression qu’on me donnait les pièces d’un puzzle qui
changeait constamment, puis qu’on me les enlevait, tout ça sans avoir l’image finale sous
les yeux à ce moment-là.

La forêt et la maison jouent un rôle très fort dans l’ambiance du roman. Les aviez vous imaginées avant les personnages, ou se sont-elles imposées au fil de l’écriture ?

Elles ont toujours été là depuis le début. La maison a toujours eu cette forme, le hameau
aussi, la forêt, tout ça était compris avec l’histoire. Les personnages aussi. Il n’y a qu’Eve,
Annabelle et le grand-père de Marie qui se sont présentés plus tard en travaillant l’histoire.

Vous évoquez l’influence de Silent Hill et The Shining : en quoi ces univers vous ont-ils nourri pour construire le vôtre ?

The Shining, par son côté cinématographique, son écriture très visuelle m’a tout de suite
plu. Je me disais que si j’arrivais à écrire comme ça, je serais très satisfait. C’était simple et
très imagé, naturel. J’ai été séduit par le rythme, la structure, les dialogues, les images que
les mots formaient. On s’y voit. Vraiment, le livre se suffit à lui-même en tant que film.

Silent Hill, c’est plus personnel, plus ancré. C’est un univers dans lequel j’ai passé
beaucoup de temps plus jeune. Il y a beaucoup de choses que j’aime dedans. L’ambiance y
est très forte et pour moi ça compte beaucoup. J’aime les œuvres qui proposent quelque
chose de totalement en dehors du monde où tout est à découvrir sans qu’on nous prenne
par la main.
C’est le mystère, le symbolisme, l’abstraction pour l’image, les petits liens tissés entre le
dit et le non-dit. On est livré à soi-même, lâché sans instructions et on avance, sans trop
rien comprendre à ce qui se passe, mais l’ambiance (et la musique !) nous enveloppe
comme sa brume et on creuse la narration qu’on nous présente, on suit le fil jusqu’à arriver
à la fin et là, j’aurais envie de dire que tout s’éclaire, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Alors
comme on a aimé, on recommence, pour creuser encore, se replonger dedans.
En ça, Collines est aussi prévue pour être relue avec un nouveau regard. Il y a du
mystère, de l’ambiance, mais c’est un jeu de pistes. C’est comme rencontrer quelqu’un : il y
a la surface, et puis tout ce qu’on apprend en chemin, les choses que la personne nous
avoue et celles, non-dites, qu’on devine — mais pour ça, il faut passer du temps, être à
l’écoute.
Ces deux objets culturels ont laissé leur empreinte mais il y a énormément de choses qui
nourrissent toute la série, surprenantes, qui n’ont a priori rien en commun.

Autour des personnages

Lisa est une héroïne touchante, à la fois déterminée et vulnérable. Comment avez-vous travaillé sa psychologie, notamment sa relation avec Marie ?

On a un vague motif qui se dessine au départ, comme je disais, j’avais les grandes lignes
du caractère de Lisa mais c’est surtout en apprenant à la connaître, en écrivant des scènes,
la voyant réagir face à certaines situations, que des aspects de sa personnalité se sont
affinés. J’ai compris certaines choses qu’elle faisait et pourquoi, quels étaient ses
motivations, ses besoins profonds, en la mettant en situation réelle.
Les personnages, c’est particulier, c’est pour ça qu’ils sont fascinants. Ils prennent vie,
c’est tout. Autant pour l’histoire, je peux m’en tenir plus ou moins à une structure réfléchie
(mais même là, c’est quoiqu’il arrive calqué sur les personnages), autant pour les
personnages, c’est quartier libre, je ne leur impose pas de volonté particulière. Ils disent ce
qu’ils disent et font ce qu’ils ont à faire — quitte à me pousser dans une énième réécriture.
Certains d’entre eux sont plus retors que d’autres. Pour Lisa, c’était plutôt facile. Sa
personnalité était plus ou moins là, et elle a une personnalité intéressante. Trop curieuse et
cachottière pour son propre bien — elle est du genre à se mettre dans des situations qu’elle
regrette mais elle ne peut pas s’en empêcher. Elle est joueuse, rêveuse, un peu casse-cou,
aventurière, toujours partante.
En ça, Lisa n’a pas d’objectif particulier que de se faire entraîner, à la manière d’une
enfant qui se laisse tenter par tout et n’importe quoi. Ce qui fonctionne bien avec Marie qui
a un réel objectif et qui, même si elle n’a pas un mauvais fond, est plutôt manipulatrice,
comme une enfant là aussi, exigeante dans le jeu. C’est cette dynamique là entre les deux.
Ce n’est pas pour rien d’ailleurs si Lisa joue le rôle du chevalier et Marie la princesse.

Le père de Lisa semble obsédé par ce collier et déconnecté de sa famille. Que souhaitiez-vous transmettre à travers son comportement ?

Gérald est un archétype, dans ce qu’il fait, ce qu’il dit et pense. Il est l’homme qui
privilégie l’extérieur tandis qu’il néglige les besoins de sa famille. Gérald est aussi en ça,
comme Lisa, une pierre d’achoppement pour Éléonore qui désire cette union familiale. Il ressemble à son père de ce côté-là.
Gérald récolte ce qu’il a semé à la fin. C’est un personnage qui a une leçon a apprendre.
Peut-être trop tard, mais c’est son fil. Pendant toute l’histoire il fuit sa famille, et
maintenant il cherchera à prendre le chemin inverse. Cela dit, on ne reverra Gérald que
plus tard dans la série.

Marie, la jeune fille assassinée, est une figure à la fois spectrale et symbolique. Quel est, selon vous, son rôle dans l’histoire ?

Pour Lisa, elle remplit le rôle de lui offrir la réponse à son souhait initial, bien que non
comme elle l’espérait. Elle lui offre l’aventure, l’amitié, mais à un prix. Elle est un
personnage central. L’intrigue tourne autour d’elle et elle est l’élément déclencheur qui met
à mal toute la famille, chacun réagissant à ce qui est soulevé par la découverte du collier,
façon réaction en chaine.

Sur le surnaturel et son usage

Le surnaturel est omniprésent, mais toujours discret, en demi-teinte. Pourquoi avez-vous choisi cette approche suggérée plutôt qu’un traitement plus frontal ?

Je vous renvoie à mes explications sur la série plus bas pour avoir une réponse plus
détaillée mais c’est une question de progression. On est dans le premier épisode, on
découvre ce qui se passe en même temps que les personnages. Les éléments inquiétants
sont encore cachés, chacun est rentré en soi et ne veut pas reconnaitre qu’il se passe
quelque chose. Gérald n’y croit pas, Éléonore a une intuition mais ne veut pas se l’avouer
(en partie à cause de Gérald), et Lisa est en plein dedans mais elle ne le dit pas.
Le surnaturel, en tant que manifestation directe dans le monde, surgira pleinement dans
la deuxième moitié de la série.

La forêt semble avoir une mémoire propre. Est-ce une métaphore plus large sur le poids du passé ou l’inconscient collectif ?

Vous avez deviné qu’il y avait quelque chose avec la forêt et c’est un aspect qui reviendra.
Marie, qui a aussi deviné qu’il y avait une étrangeté, en parle en ces termes : « La forêt
est dense, trompeuse. C’est un vrai labyrinthe qui n’en fait qu’à sa tête. Elle a tendance à
cacher tout ce qu’elle recouvre. On peut s’y perdre vous savez. […] Il faut faire attention.
Apprendre à connaitre. Découvrir les chemins. Parfois j’ai l’impression que cette forêt est
comme vivante. C’est figuratif bien sûr mais, c’est comme si elle brouillait les pistes en
quelque sorte. »
La forêt, l’abbaye même, sont des symboles. L'abbaye, au cœur de la forêt, est une
citadelle dans laquelle on se protège du monde. La forêt, comme une extension gardienne
de cette citadelle, sorte de zone tampon, est un vaste domaine aux limites incertaines,
jonché de ce qu’on garde ou rejette, des choses cachées à certains, montrées à d’autres. Elle
permet le passage ou non, protège les uns, agresse les autres.
Elle a un lien avec Marie, mais pas que. Remarquez que dans l’histoire, Marie ne sort
jamais de la forêt.

Peut-on faire confiance à ce que perçoit Lisa ? Ou souhaitiez-vous justement maintenir le lecteur dans le doute ?

Lisa est un personnage fiable. Ce qui arrive, arrive. Les moments où elle rêve sont
clairement indiqués en tant que tel et les moments où elle joue, on le devine assez
facilement. Quand elle joue, on voit la transformation du monde autour comme un enfant le vit, et c’est encore pire avec Marie, j’ai envie de dire.
Je pense notamment au passage où elle descend chercher un couteau. Si vous n’aviez pas
déjà deviné, à ce moment-là de l’histoire, Marie, qui a de plus en plus d’emprise sur Lisa,
utilise cette manie du jeu pour la contraindre. On voit ensuite dans le rêve qui suit que Lisa
regrette et cherche à se débarrasser de l’emprise de Marie. C’est symbolique, on est dans
une sorte d’entre deux, entre le rêve et la réalité, dans l’inconscient de Lisa. Ce qui est
plutôt effrayant parce qu’on a cette impression qu’à ce stade-là elle commence à perdre le
contrôle, comme atteinte de somnambulisme.

Sur votre écriture

Votre style est très immersif, presque visuel. Comment travaillez-vous l’ambiance dans votre processus d’écriture ? Utilisez-vous des outils sensoriels, des images, une musique particulière ?

L’image, la recherche du plan intéressant, sont importants pour moi. J’aime la mise en
scène, les images fortes. J’affine au fur et à mesure des passages en écriture, en m’efforçant
de trouver des choses intéressantes, marquantes — je me dis que, si moi je ne m’y vois pas,
le lecteur non plus.
Chaque histoire apporte sa propre ambiance, son ton, son énergie, et j’essaie de rester
dedans. Par exemple, dans Collines 1, il a toujours été question de lumière et d’obscurité, de
jour et de nuit. On est toujours sur des aller-retours entre l’intérieur et l’extérieur, la réalité
et le rêve. Il y a la chaleur du dehors, écrasante, avec les plantes sèches et la poussière, et le
froid de la nuit, du frisson. Parfois les deux se succèdent plus ou moins rapidement : au
niveau de la scène, c’est une alternance rapide, et au niveau de l’histoire entière, on a ce
même passage du chaud au froid mais progressif. Au début, il fait beau et chaud, sec, puis
petit à petit, les nuages, la pluie, le froid, l’obscurité et l’humidité.
Collines 2 a apporté avec elle une couleur rouge omniprésente, celle de la colère, du
sang et de l’amour. Une sensation d’isolement aussi. C’est une traversée de tunnel
labyrinthique qui prend les êtres depuis le soleil couchant et les travaille pendant toute une
nuit, jusqu’à les recracher à l’aurore, étranges.

Vous laissez souvent des zones d’ombre et ne cherchez pas à tout expliquer. Est-ce un choix conscient pour impliquer davantage le lecteur ?

Il y a plusieurs façons d’aborder la chose.
C’était d’une part, une question de digestibilité, de place dans le récit. L’univers est riche
et a besoin de plusieurs épisodes pour être développé. Je ne pouvais pas tout mettre dans le
premier, il me fallait faire des choix au risque de compromettre le rythme. J’ai mis
beaucoup de choses déjà, en tout cas les concepts essentiels. Ce qui donne sans doute ce
côté non résolu, mais c’était un risque à prendre.
D’un autre côté, il y a là une part de goût personnel. J'aime être mystifié, ne pas avoir
toutes les réponses. Ca me fait rêver.
Alors, je ne vais pas vous infliger ça, et vous aurez les réponses, tout sera éclairci au fur
et à mesure des épisodes. C’est une progression, elle est prévue. Je sais qu’il y a des gens qui
n’aiment pas ne pas savoir, n’aiment pas être désemparés. On veut être maître de ce qu’on
aborde et c’est compréhensible — trouver un sens aux choses, et c’est encore mieux si on a
des réponses toutes prêtes. Je pense que c’est une question de confiance. L’amour du
mystère, de son ambiance, c’est en quelque sorte l’amour du voyage, du dépaysement, plus
que de sa destination.

Je ne peux pas ne pas vous citer ce passage de Narcisse et Goldmund, de Hermann Hesse :
« Goldmund s’abandonnait à sa méditation. Il ne parvenait pas à s’expliquer comment il
se pouvait que la plus grande précision imaginable des formes pût agir sur l’âme
exactement de la même manière que ce qu’il y avait de plus insaisissable et de plus
imprécis. Une chose toutefois lui apparut nettement au cours de ces réflexions : il
comprenait pourquoi tant d’œuvres d’art irréprochables et accomplies ne lui disaient
absolument rien, pourquoi, en dépit d’une certaine beauté, elles l’ennuyaient, lui étaient
presque odieuses. Les ateliers, les églises, les palais, étaient pleins de ces tristes œuvres
d’art et lui-même avait collaboré à la confection de quelques-unes d’entre elles. Elles étaient
si décevantes parce qu’elles éveillaient le désir des valeurs les plus hautes sans le satisfaire,
parce qu’il leur manquait l’essentiel : le mystère. C’était cela que le rêve et le chef-d’œuvre
suprême avaient en commun : le mystère. »

Aviez vous prévu dès le départ que Collines serait le premier épisode d’une série ? Ou cette idée est-elle née après coup ?

Dans ses premières versions, Collines 1 appelait une fin ouverte voire une suite.
Seulement, en la retravaillant, plusieurs choses sont apparues en chemin et surtout le
personnage de Marie s’est affiné et s’est avéré renfermer le plus de contenu.
En parallèle de ça, cinq autres histoires ont émergé (les actuelles Collines 2 à 6),
certaines plus avancées que d’autres, et à chaque fois, Marie a fini par apparaître à
l’intérieur, jusqu’à les lier entre elles. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à voir qu’il y
avait un motif se répétant, une trame qui reliait tout ça. Ces histoires avaient quelque chose
en commun, une progression et formaient une structure.

Sur la suite à venir

Vous parlez d’une série “faussement anthologique” : pouvez-vous nous en dire plus sur la construction de ce fil rouge ? Les personnages de Collines y auront-ils un rôle récurrent ?

Ce qui m’amène à votre autre question. En effet, on revoit tous les personnages au fur et
à mesure de l’avancée de ce fil rouge.
Chaque épisode suit un thème et des personnages qui y sont liés. Collines 1, c’est la
famille. Collines 2, l’amour. Collines 3, c’est le deuil (des relations amoureuses). Vous allez
vous rendre compte que ces trois premiers épisodes finissent tous plus ou moins de la
même façon. C’est une mise en place, mais plus on avance, plus on revoit de personnages,
pour parachever leur arc narratif.
Ces trois premiers épisodes sont une introduction, une trilogie des souvenirs. Parce qu’il
n’y a pas que le collier, il y a d’autres bijoux, d’autres souvenirs. Ces épisodes sont
nécessaires pour développer certains enjeux, mettre en place les pièces nécessaires et
surtout faire connaissance avec le fil rouge, Marie, avant de la suivre dans Collines 4.
Collines parle de beaucoup de choses, mais surtout de Marie, qui est une jeune femme
ayant une relation compliquée avec le monde, de par son vécu. De ce fait, en grande déçue,
elle s’est réfugiée dans une abbaye pour tout oublier. Seulement, comme on n’est jamais à
l’abri de rien dans la vie, quelque chose va la secouer à cet endroit même où elle pensait
être loin de tout danger.
Alors, face à ça, elle va devoir faire un choix. Elle fera le mauvais, bien entendu, sans
quoi il n’y aurait pas d’histoire, pas de leçon pour Marie, ni de guérison (pour les curieux,
les visions de Lisa sont prémonitoires. L’une d’elle s’est déjà réalisée). Au final, cette série, bien qu’évoluant dans un contexte très sombre, parle d’espoir, de
rédemption, du rapport qu’on a avec notre destin, la vie, la réalité (le déni). Tout ça, dans
un format structuré, commercial et fun. Ce n’est pas un essai, il y a de l’humour, du
mélodrame, des personnages parfois caricaturaux. Seulement, abbaye oblige, personnage
de Marie aussi, il y a une dimension métaphysique sous-jacente abordée à travers toutes les
mésaventures des protagonistes.
Et tout ce qui englobe ce fil rouge en trame de fond, c’est la malédiction d’Adélaïde, sorte
de redite de malédiction du péché originel, qui renvoie à la question de la transmission de
l’héritage de cette responsabilité des premiers fautifs et au difficile contrôle de soi qui en
découle, à ce qu’on en fait. C’est le thème du paradis perdu. Il y a une faute, une
sentence/exil et une promesse de retour à la normale. Dans Collines 1, on fait connaissance
avec la sentence, dans Collines 2 on aborde un élément de la promesse de retour.

Avez-vous déjà entamé l’écriture du prochain tome ? Si oui, pouvez-vous nous glisser un petit indice ?

J’ai commencé la première réécriture. J’aurais aimé vous donner une date mais je ne sais
pas quand il sera prêt, ça dépendra du temps que j’ai et des réécritures nécessaires.
Tout ce que je peux vous dire, c’est que c’est un épisode au rythme plus soutenu, avec
plus d’action, plus d’humour, peut-être plus de tristesse et de mélancolie aussi, on peut dire
tout en contrastes, en oppositions de brutalité et de douceur, dans ses propos et ses actes.

Le collier semble être un objet clé. Le retrouvera-t-on dans les prochains volets ? Est-ce un simple artefact ou un élément central de la mythologie que vous développez ?

Le collier est un objet important, tout comme les autres bijoux, qui devront être
rapportés à Marie. Ils détiennent une force surnaturelle, de par les souvenirs qui les
habitent et qui sont coincés en quelque sorte, dans ce que la Marie fantomatique appelle le
monde derrière le monde/le monde caché.
Ces bijoux aideront leurs porteurs dans leurs mésaventures, à leur façon. Ces souvenirs
étant chacun figés à une période de la vie de Marie, avec une mentalité et un vécu
différents, ils ont de ce fait, un pouvoir différent. Dans Collines 1, Marie avait un pouvoir
offensif, actif, et une personnalité assez égoïste, immature, presque maléfique. Le collier a
la même couleur que les yeux des maudits, comme l’un des yeux de Marie. La Marie
souvenir de Collines 2 est sensiblement différente.

Mot de la fin

Merci à Angélique de m’avoir donné la parole avec ses questions intéressantes et très
utiles. En espérant que mes réponses vous permettront de mieux appréhender cette série
qui est fascinante à travailler.
Je vous invite, bien entendu, à faire un tour sur mon site web stephanelombard.com
pour rester informé de la sortie de Collines 2 (il y a une newsletter). C’est pour le moment le
seul endroit où vous pourrez me trouver.

Author: Angelique

Passionnée par les mots, l'organisation créative et les animaux, j'ai créé Entre Mots et Moustaches , un coin chaleureux où se mêlent l'amour des livres, l'art du Bullet journal et la beauté des animaux. Ici, on célèbre la créativité sous toutes ses formes, dans un esprit bienveillant et inspirant.


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