Je vais vous présenter aujourd’hui une dystopie un peu particulière dont je me dispense habituellement. Pourquoi ? Parce que le sujet est politique. Un dossier parvenu aux éditions de la Colinière à Montréal dans lequel sont classés chronologiquement environ cinq années de faits de société et de vie politique Française.
Introduction
Ce livre a été publié le 24 juin 2021 en langue française. Que se passait-il en France ?
La loi prolonge jusqu’au 1er juin 2021 l’état d’urgence sanitaire en cours (au lieu du 16 février initialement). L’objectif est de contenir une reprise de l’épidémie de Covid‑19, à la suite de la découverte de nouveaux variants du coronavirus. C’est le 6e texte soumis au Parlement sur le sujet depuis mars 2020.
J’ai découvert ces documents publiés sous forme d’un roman dystopique en ce mois de février 2022 et je vous promets que tout est tellement plausible que je pourrais remplacer le terme dystopie par celui de prophétie. Cependant, Frederic Bischoff est Diplômé de sciences politiques. Il était Directeur financier dans des groupes multinationaux et n’a rien d’un prophète (ou alors il se cache bien pour éviter la psychiatrie), même s’il œuvre aujourd’hui dans d’autres domaines. Une question me titille l’esprit sur l’année 2016… mais restons dans le sujet.
Le Corpus X
Pourquoi a-t-il été confié à une maison d’édition à Montréal ? Que contient-il réellement? La question que je me pose principalement est celle du « pourquoi » ? Je vais y répondre :
« Rendre compte des évènements, des débats et des choix qui, par leur enchaînement, ont rendu possible la situation politique et institutionnelle qui prévaut aujourd’hui en France. »
Les articles de presse ne sont pas datés, alors le lecteur est libre de se faire son idée sur ce fameux dossier. L’original comportait huit classeurs format A4 et rassemblait environ 900 pages. Ce livre ne vous dévoile donc pas tout.
Une situation initiale particulièrement réaliste
Les premiers articles donnent une vue de la situation sociale, politique et financière. Une copropriété privée dans laquelle certains d’entre vous rêvent d’y acquérir un logement bien sécurisé avec un règlement intérieur strictement respecté sous peine de sanctions.
Les anti-systèmes organisent des actions « coup de poing » qui déstabilisent la police rendue incapable d’intervenir : le temps de la manifestation semble révolu pour ce groupe là. Alors, l’insécurité fait frémir les politiques qui demandent des mesures drastiques, même au sein de la majorité. En politique, les actions à mettre en place créent aussi des divergences.
Un point qui intéressera beaucoup Agathe, les consultations vidéo dans les déserts médicaux puisque la priorité se joue sur l’avenir des villes. Ces agglomérations où le regroupement de population favorise les épidémies, où les faibles ressources agricoles disponibles posent la question des « bouches à nourrir » mais surtout….. C’est une urgence politique puisque 80% des électeurs sont des citadins, il faut les choyer.
N’oubliez jamais que par le vote, la population confie la responsabilité de la gestion du pays à ceux qui se sont portés volontaires. Ils sont payés par leurs électeurs et devraient s’en tenir à leur travail. Ils n’ont pas pour vocation de refaire notre éducation : nous sommes leurs employeurs…
Dans un monde où rien n’arrive au hasard, ce roman est entre les mains d’une Ardéchoise dont le village n’est pas encore sur les GPS. Alors jusque là, je ne vois qu’une situation bien réelle et c’est d’ailleurs tout l’intérêt de ce qui va suivre.
Les politiques et les livres
Une personnalité politique se détache rapidement grâce à son livre au résumé vendeur
« Comment repenser l’équilibre entre sécurité et liberté dans le monde contemporain ? Le contrôle des populations peut-il protéger leur liberté ou bien la menace-t-il ?… Les nouvelles technologies sont-elles une solution ou font-elles partie du problème ?
L’auteur se nomme Elisabeth Dasilva, une femme ambitieuse qui propose de redéfinir la liberté, de reformuler les concepts de liberté individuelle et de citoyenneté. Il semble que ses idées ne soient pas restées au fond d’un carton d’une vieille librairie de province, E. Dasilva est propulsée au ministère de l’intérieur.
Et je vous promets que la fiction dépasse la réalité. Vous le savez peut-être (ou pas), notre gouvernement a lancé une application numérique le 2 juin 2020. Ne me demandez pas de quoi il s’agit, je n’ai pas le matériel pour télécharger ce genre de chose. Et c’est justement ce qui m’a fait réagir quand ce personnage affirme :
« elle dénonce le manque de sens civique et « l’individualisme narcissique » de ceux que les nouvelles technologies inquiètent. »
J’ai trouvé cette phrase percutante, sachant parfaitement que la majorité des Français sont en parfait accord avec cette dénonciation sans avoir jamais réfléchi au fait que les personnes d’un certain âge ne savent tout simplement pas les utiliser et que d’autres n’en ont pas besoin. Ne parlons pas de l’inutilité quand l’individu en question ne reçoit aucun réseau dans son coin de montagne. Quoi qu’il en soit, de nombreux politiques ont sorti leur bouquin probablement parcouru par la masse électorale.
Une lecture d’alerte ?
Les habitués de ce blog ne seront pas très surpris mais je le précise pour les petits nouveaux : je n’ai pas de téléviseur, pas de tablette, pas de smartphone (en plus je n’ai pas internet sur mon portable) et encore moins les abonnements type Netflix, réseaux sociaux… J’ai une vie et j’aime beaucoup découvrir les articles de mes blogs favoris où il est possible d’échanger avec l’auteur. Ce que vous ne savez pas, c’est que depuis que j’ai le droit de vote (c’est vieux, c’est vrai), j’ai toujours conservé le programme électoral du candidat élu à la Présidentielle. Aucun n’a respecté ses engagements et je me suis arrêtée quand j’ai changé de vie : Adieu Paris.
J’ai lu Corpus X en trois fois, laissant ma réflexion se faire naturellement avec le temps. Je me suis amusée à changer les noms des protagonistes et pour certains, c’est plus que réaliste. Je ne vais pas m’embarquer dans une diatribe d’opinions mais depuis, Corpus X est plus pour moi ce qu’on appelle vulgairement « lanceur d’alerte » qu’une Dystopie. Lisez-le et nous en reparlerons.
L’originalité et la forme
Je n’ai pas lu un roman mais une suite de documents : articles de presses, échanges personnels, interviews… Vous allez retrouver vos années estudiantines, quand vous demandiez un dossier de presse au centre de documentation pour votre exposé, mémoire etc…
L’auteur adapte son style d’écriture aux documents présentés, un exercice qui me laisse admirative. Je me suis sincèrement demandée si les documents n’étaient pas des originaux arrangés pour en ressortir un futur possible. Je ne peux pas reproduire ici toutes les réflexions percutantes de cet ouvrage mais je vous offre un peu d’humour :
« Aujourd’hui, au-delà de la valeur du contenu, un point de vue est intéressant s’il colle à une attente supposée du public, s’il est d’un format suffisamment condensé pour être facilement diffusé, s’il est suffisamment accrocheur pour attirer l’œil. La pensée devient un produit marketé formaté et consommé comme un autre, on nous sert des idées comme on nous vend du dentifrice. »
Un exemple de pertinence, de réalisme, servis avec un brin d’humour qui touche droit au but sans que le livre dont je vous parle puisse réellement rentrer dans cette présentation. Parce que de nos jour, en matière littéraire, il faut une romance de moins de 200 pages qui ne demande pas d’effort intellectuel. Ce qui explique probablement le fait que ce livre ne soit pas en tête de gondole.
D’ailleurs, je ne peux pas simplement m’en tenir à « j’aime ce livre » ou « je n’aime pas ce livre ». D’un coté la perspicacité m’amuse mais psychologiquement, la trame sera effrayante pour un lectorat surpris par le style. Personnellement, je l’aurais offert à tous ceux qui vont aller voter le dimanche 10 avril 2022. Pourquoi ? Parce que quand je fais quelques recherches sur la toile, je vois passer les sondages prophétiques sur lesquels je ne m’arrête surtout pas tout en sachant parfaitement que ces publications ont un but bien précis.
La lecture de Corpus X laissera à chaque lecteur la possibilité de réfléchir, de se forger une opinion grâce à des connaissances qu’il sera allé piocher librement sur les médias qu’il aura lui-même choisi.
Alors n’attendez pas trop longtemps pour vous rendre dans votre librairie et si, comme moi, vous n’en avez pas, cliquez sur le lien d’achat, lisez et offrez-le afin qu’il circule ces deux prochains mois. Autres possibilités sur le site de la maison d’auto-édition Publishroom https://www.publishroom.com/ que je remercie pour cette découverte.
Frederic Bischoff
Dans son essai « La Démocratie, et après ? » (Éditions Fauves, 2019) Frédéric BISCHOFF examinait les raisons pour lesquelles les citoyens des pays démocratiques peuvent se lasser de leur liberté et céder aux tentations autoritaires. Il en propose ici une mise en situation concrète. Diplômé de sciences politiques, Frédéric Bischoff défend une approche humaniste et non dogmatique des grands enjeux actuels.
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