La chanson blanche, un titre bien étrange pour un thriller, comme sa couverture qui mérite un gros plan sur les nombreux détails. Une lecture bouleversante dont je tourne la dernière page en me disant qu’une relecture comblerait ce qui m’a probablement échappée. J’ai envie d’en parler avec vous.
Présentation de l’éditeur
Décembre 2015, le vol AN 333 sombre en mer avec ses 480 passagers. Quatre ans après sa disparition, de nouveaux éléments sont retrouvés. L’un d’entre eux en particulier, laisse à penser que le crash n’était pas un accident. Alors que l’enquête reprend, le puzzle qui lie les passagers entre eux s’assemble peu à peu…
- Éditeur : Les Editions du Gros caillou (7 mars 2023)
- Langue : Français
- Broché : 384 pages
Quand j’ai reçu et ouvert ce bouquin, découvrant les petits caractères d’imprimerie, je ne pensais pas le dévorer en seulement quatre jours, et pourtant, alors que je navigue entre les différents personnages, je suis happée par une enquête très étrange.
Prologue
Ce roman s’ouvre sur une théorie qui m’était inconnue :
Les six degrés de séparation (aussi appelée théorie des six poignées de main) est une théorie établie par le Hongrois Frigyes Karinthy en 1929 qui évoque la possibilité que toute personne sur le globe peut être reliée à n’importe quelle autre, au travers d’une chaîne de relations individuelles comprenant au plus six maillons.
Mais loin de cette théorie, le 2 novembre 2015, à Roosvelt Island, une Wrangler noire attend le bon moment. L’enlèvement d’Eddy est prévu depuis des semaines, il n’avait pas dix ans. Par qui et pourquoi ?
Ce petit garçon est vite oublié à la lecture du premier chapitre.
Vol AN333 – 6 décembre 2015
Avec un regard chargé d’incompréhension, j’assiste aux derniers instants des passagers du vol AN333 qui n’atteindra jamais Paris. Vous êtes-vous déjà demandé les émotions qui traversent ceux qui vont ainsi mourir dans un accident ? La peur, l’oubli, l’incompréhension ou au contraire le besoin d’écrire, les adieux, la résignation ? L’auteur nous en offre une description si oppressante que le lecteur est un spectateur impuissant, réduit au silence : figé, ce lecteur en oublie les détails glissés entre les lignes.
Que s’est-il passé dans cet avion ?
Tom et Ariane
Décembre 2019, quatre ans après la disparition du vol AN333, cette affaire reste le plus grand mystère de l’aviation civile. Pourtant, Elias Kaplan, directeur du bureau d’enquête et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile, fait déplacer Tom Caldeira à Paris afin de lui poser quelques questions : il dispose de nouveaux éléments concernant le crash du vol AN333. Des pêcheurs ont retrouvé un sac étanche au large de l’ile d’Ouessant et ce sac appartenait à Raphaël, le frère de Tom, passager du vol disparu.
Kaplan en a tiré une conclusion : le crash n’était pas un accident.
C’est un élément particulier qui soulève le doute, un texte, ou plus exactement une chanson écrite par Raphaël : La chanson blanche. Elle parle d’un crash d’avion. Autre révélation, Raphaël avait acheté un billet pour Tom sur ce même vol sans jamais l’en avoir informé.
Pour Tom, qui n’a jamais fait le deuil de son frère, les accusations sont insoutenables.
Les passagers
Alors que l’enquête et les recherches reprennent sur la base de ces nouveaux éléments, Grégoire Godinaud invite ses lecteurs au voyage entre la vie et la psychologie des passagers du vol avant le crash, et les découvertes surprenantes que font Tom et Ariane. Les deux ont pris un congé pour suivre une intuition et laver les soupçons portés sur Raphaël.
La lecture est déstabilisante. Au fil des chapitres, le lecteur assite aux derniers instants du vol AN333 mais dans le même temps, la piste suivie par Tom soulève nombre de questions, de mystères et de rebondissements.
Les six degrés de séparation – Que savons nous réellement de ceux que nous croisons chaque jour ?
Et puis qui a écrit La chanson Blanche et que signifie-t-elle réellement ? Ce bouquin est un véritable page-turner, un suspens toujours alimenté, un mystère que l’on voudrait éclaircir et une issue qui laisse place au besoin d’une deuxième lecture. Avec ce que j’ai appris, pourrai-je déceler tous les indices survolés par mon addiction malsaine ? Etrange sentiment que celui de violer l’intimité d’un témoignage, pourtant, c’est un roman, mais la plume est fluide et l’action d’un réalisme insoutenable.
Frigyes Karinthy et sa théorie
Ce n’est pas un hasard si elle saute aux yeux avant même le prologue. Alors en fin de lecture, je suis revenue sur la théorie des six poignées de main. Rhétorique ou philosophique, il me semble évident que l’auteur utilise un style littéraire qui sait persuader. En 1929, les réseaux « sociaux » n’existaient pas mais aujourd’hui, cette théorie est probablement exponentielle, je pense à un réseau professionnel en particulier.
Les amis de mes amis sont-ils mes amis ?
La chanson blanche – Grégoire Godinaud, est un roman où la psychologie des personnages est particulièrement bien travaillée tout comme leurs relations, leurs émotions. Le thriller est une toile de fond, le style littéraire pourrait être un essai rédigé par un observateur, un psychologue, un éthologue ou tout autre rédacteur à la sensibilité exacerbée.
Grégoire Godinaud est né à Bagnols-Sur-Cèze en 1996. Depuis l’enfance il est passionné par l’écriture et par la musique. A 23 ans, il publie son premier roman « La nuit des flammes » aux éditions City. Il enregistre son premier album piano « Odysseum» peu de temps après.
En 2023, il choisit de rejoindre les éditions du Gros Caillou pour son deuxième thriller, « La chanson blanche ».
La musique – et particulièrement le piano – est l’art de la sensibilité et, tout comme il compose sa musique, Grégoire Godinaud manie la plume avec une subtilité exacerbée. Pianiste et compositeur, l’auteur nous invite à découvrir son univers.
Je remercie très sincèrement Pierre Krause qui m’a offert cette magnifique découverte dans le cadre de l’opération Masse Critique privilégiée.
En musique
J’aime m’immerger dans un livre avec une musique choisie. Si vous avez envie de découvrir cette expérience, découvrez son album sur Amazon music que vous pourrez télécharger en MP3 (9.99€).
Je vous souhaite à tous une très belle semaine. A bientôt.
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« Vous êtes-vous déjà demandé les émotions qui traversent ceux qui vont ainsi mourir dans un accident ? » Tout le temps et c’est pour ça que je déteste l’avion….
Quant à ce roman, il a l’air tout bonnement passionnant !
L’avion est le transport le plus sûre (il l’était). Ça fait très longtemps que je ne prends plus l’avion, mais parce que pour faire 30km, ce sera « too much » 😉
Et quand on parle d’accident, ma petite jument m’est rentrée dedans alors qu’elle était au galop à fond (je regardais ailleurs). Les deux autres ont une bonne notion des distances, Epona pas du tout.
Bon, pas de mort mais pas de randonnée pour moi, j’ai quelques côtes fêlées selon les experts locaux (aucune envie d’aller perdre mon temps aux urgences).
Tout ça pour dire qu’un accident est imprévisible et que j’ai clairement adoré ce bouquin.
ça ne m’a jamais rassurée…
Désolée 🙁 J’espère que tu pourras te reposer un peu.
Pas le choix. Ce matin l’homme m’a obligée à passer la radio : je vais beaucoup lire les prochaines semaines 😁
Courage et bon rétablissement !
Merci
En fait, on parle de cette théorie de six poignées aux États-Unis depuis mon enfance ; c’est une idée bien actuelle. Et si je te disais que tu es à deux poignées du producteur du Cercle de poètes disparus, ça te surprendrait ?
C’est une excellente question Justin. Peut être que tu le connais, toi et moi suivons nos blogs respectifs, alors c’est une éventualité qui ne me surprend pas plus que ça.
Cette théorie a torturé mes neurones, je l’avoue.
En fait, c’est mon cousin Steven Haft. Je suis LOIN d’être connecté dans son monde, mais j’aime donner cet exemple quand on évoque ce sujet, car tout à coup, tout le monde se rend compte qu’ils sont beaucoup plus proche qu’ils auraient soupçonné de BEAUCOUP de monde !
Je l’ai noté et te remercie pour cette découverte
Oh, super, je lirai ton retour avec grand plaisir.
A bientôt
Voilà je l’ai terminé et franchement je n’ai pas été aussi emballée que toi, et je m’étonne du succès de ce livre qui n’est pas mauvais du tout mais pas vraiment attachant.
Ah non, pas attachant c’est vrai. C’est plus dans l’originalité par laquelle on découvre la face cachée des personnages.
Je l’avais fait lire à une khagneuse en retraite (la lectrice difficile 😉) qui l’a dévoré en quelques heures.
La question de son succès est un sujet intéressant qui mérite réflexion.