Témoignage après l’audience : solitude, injustice et résilience

Dans un article précédent intitulé L’attente avant l’audience, quand l’angoisse devient une sentence, j’ai partagé l’angoisse qui me rongeait avant l’audience. Les nuits blanches, la peur grandissante, ce sentiment d’être condamnée avant l’heure – tout y était.

J’ai également publié un billet pour comprendre la procédure du plaider-coupable (CRPC), afin de mieux appréhender ce qui m’attendait. Aujourd’hui, l’audience est passée. Je livre ici mon témoignage après l’audience, entre solitude, impression d’injustice et apprentissage de la résilience au quotidien. Mon objectif est d’informer, d’éveiller les consciences et de soutenir d’autres personnes qui traversent des épreuves similaires.

Isolement psychologique et potins de village

La résilience se construit ainsi, pas à pas, grâce aux petits plaisirs simples et à la solidarité discrète qui éclairent mes journées.

Une fois l’audience terminée, je me suis sentie psychologiquement fracassée. Le soulagement que j’espérais ne s’est pas manifesté. Au contraire, un profond isolement m’a envahi.

Dans ma petite commune, le regard des autres a changé. Les potins de village vont bon train : certains voisins m’abordent non par empathie sincère, mais pour assouvir une curiosité malsaine. Chaque question posée avec un air faussement compatissant résonne comme une trahison. Je réalise qu’être la protagoniste d’une affaire judiciaire, même injuste, fait de moi la cible des ragots et des jugements hâtifs.

Ce rejet social implicite est douloureux. Je surprends des chuchotements sur mon passage, des conversations qui s’interrompent dès que j’apparais. On me fait sentir, subtilement, que j’ai « attiré des ennuis » sur notre paisible localité. Cette stigmatisation insidieuse accentue mon isolement psychologique.

Je me sens seule, incomprise, traitée en paria là où j’aurais eu besoin de soutien. Pourtant, au milieu de ces murmures hostiles, j’apprends à relever la tête. J’essaie de me rappeler que ceux qui portent sur moi un regard inquisiteur ne connaissent qu’une version déformée de mon histoire. Leur injustice silencieuse ne doit pas définir qui je suis.

Résilience quotidienne :

équitation, fléchettes et marche nordique

Face à la détresse, ce sont les petits actes du quotidien qui m’aident à tenir bon. J’ai renoué avec l’équitation, une passion ancienne que j’avais mise de côté. Retrouver ma jument Diva et partir en balade à ses côtés m’offre une échappatoire bienvenue. Le contact avec l’animal, la sérénité des pas de ma monture dans la nature – tout cela apaise mon esprit tourmenté. Ces moments à cheval, si simples soient-ils, sont devenus mon refuge contre le stress post-audience.

Je me suis également inscrite à un club de fléchettes, et il m’arrive de rejoindre quelques habitants pour des parties amicales de pétanque lorsque le temps le permet. Concentrer mon attention sur une cible ou sur le cochonnet, célébrer un lancer réussi ou rire d’un échec, m’apporte un semblant de normalité. Ces activités ludiques m’apprennent à revivre hors de la bulle d’angoisse.

La marche nordique m’aide elle aussi à évacuer les pensées négatives. À chaque pas rythmé par mes bâtons, je sens la tension s’alléger un peu plus. La régularité de l’effort et le souffle retrouvé au fil des mètres sont autant de modestes victoires sur le désespoir.

Surtout, je peux compter sur quelques personnes bienveillantes de mon entourage. Une amie m’accompagne volontiers en promenade. Un voisin m’invite à jouer aux fléchettes. D’autres prennent régulièrement de mes nouvelles, sincèrement et sans juger. Ces présences amicales sont précieuses : elles m’aident à reconstruire la confiance en moi et à croire que la vie peut continuer malgré la tempête. La résilience se construit ainsi, pas à pas, grâce aux petits plaisirs simples et à la solidarité discrète qui éclairent mes journées.

Une procédure mal engagée : oubli de la victime et vices

Si mon épreuve personnelle a été aussi éprouvante, c’est en partie à cause d’une procédure judiciaire mal engagée. La comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), couramment appelée plaider-coupable, censée résoudre rapidement l’affaire, a été menée de façon bancale. En tant que victime dans ce dossier, je n’ai même pas été convoquée à l’audience d’homologation – alors que la loi prévoit que la partie lésée soit informée et entendue. Ce manquement a d’ailleurs empêché qu’une décision finale soit prise : aucune ordonnance n’a été rendue ce jour-là, me laissant dans un flou total quant à la suite. Tout semble à recommencer, comme si des mois d’attente et de stress n’avaient servi à rien.

Au-delà de cet oubli inacceptable, j’ai ressenti une véritable humiliation institutionnelle. Lors de l’audience, j’ai découvert avec stupeur que le dossier contenait des allégations sur de prétendues addictions me concernant – une confusion totale et sans fondement, qui n’avait aucun rapport avec les faits. Entendre ces suppositions infondées prononcées devant le procureur et le juge m’a profondément blessée.

J’ai eu l’impression d’être traitée non pas en victime, mais en coupable à demi-mot, qu’on cherchait à discréditer. Cette expérience m’a fait perdre un peu plus de confiance dans le système censé me protéger. On parle souvent de dysfonctionnements judiciaires de loin, mais les vivre de l’intérieur est un choc. Je me suis sentie doublement oubliée : d’abord par l’auteur de la dénonciation mensongère qui a déclenché toute cette affaire, puis par l’institution elle-même qui, par ses vices de procédure, m’a mise de côté dans ma propre histoire.

En dépit de tout, je refuse de me laisser anéantir par cette injustice. Je choisis de témoigner ouvertement de ce que je vis, convaincue que prendre la parole est une forme de résistance. J’espère qu’en partageant mon histoire, d’autres personnes confrontées à la solitude après une audience ou aux incohérences du système judiciaire se sentiront moins seules.

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p style= »text-align: center; » data-start= »6447″ data-end= »6889″ data-is-last-node= » » data-is-only-node= » »>Si vous vous reconnaissez dans ces mots, n’hésitez pas à partager votre expérience. Chaque témoignage compte. Chaque échange peut apporter du réconfort et rendre visibles des réalités trop souvent passées sous silence. Ensemble, brisons le silence, soutenons-nous et faisons en sorte que ces vécus ne soient ni ignorés ni banalisés. La route vers la résilience est longue, mais nous la parcourons main dans la main, un jour à la fois.

Author: Angelique

J’ai créé Entre Mots et Moustaches, un espace chaleureux où se rencontrent ma passion des livres, ma créativité et mon amour des animaux. Chroniqueuse littéraire et bêta-lectrice, j’écris actuellement mon premier roman, que je souhaite publier le 25 avril 2026, une date symbolique pour moi.
Après dix années auprès de mes chevaux, un accident m’a guidée vers un nouveau projet : l’ouverture d’un bar à chats en partenariat avec la SPA et La clé des chats, mêlant café littéraire, bouquinerie et reiki, une philosophie que je pratique au quotidien depuis 2020. Entre nature, randonnées et instants gourmands, je poursuis mon chemin en tissant des liens entre mots, animaux et spiritualité.


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2 thoughts on “Témoignage après l’audience : solitude, injustice et résilience

  1. Bonjour Angélique, Je peux comprendre ton désarroi, pour ne pas dire davantage et je compati sincèrement aux efforts déployés afin de parvenir au plus vite à un semblant de sérénité qui te sera néanmoins nécessaire pour la retrouver complètement.