Comme chaque lundi depuis la création de la bibliothèque nomade, je partage avec vous ma toute dernière lecture : TSITADEL – Hugo BOITEL
Entre le cynisme du narrateur sur son quotidien de pacificateur, thriller, anticipation et rebondissements, je vous avoue m’être amusée du coté caricatural du totalitarisme stalinien. N’oubliez rien, nous entrons en TSITADEL.
Résumé de l’éditeur
Aux confins du monde, dissimulée dans la vapeur de ses prodigieuses machines, se dresse une bien étrange cité…
Tsitadel, car tel est son nom, est dirigée d’une main de fer par l’énigmatique Guide Suprême et son Parti Unique aux forts relents de dictature soviétique. Pour les habitants confinés à l’intérieur des fortifications, les temps sont durs. Déjà persuadés de l’imminence d’un assaut d’envahisseurs, ils doivent à présent s’accommoder d’une nouvelle menace : de dangereuses créatures, les rôdeurs, sont apparues à l’Extérieur et semblent bien décidées à déchiqueter tout ce qui se tient sur deux pattes. Les dernières rumeurs font même état d’un spécimen capable de se camoufler parmi les hommes, qui aurait déjà compromis la Sécurité Intérieure…
Au milieu de ce tumulte, le colonel V.E. Szatonovitch est plus que jamais sur la sellette. Sa dernière chance d’éviter la disgrâce repose sur sa récente affectation à la traque du mystérieux rôdeur. Mais il est loin de se douter que de son enquête dépend le destin de Tsitadel toute entière…
Tsitadel est un thriller rétro futuriste empruntant autant à l’imaginaire Steam punk qu’aux heures les plus sombres du totalitarisme stalinien.
- Éditeur : Auteur Indépendant (3 octobre 2022)
- Langue : Français
- Broché : 692 pages
Obéir sans réfléchir
Tsitadel, un roman bien étrange, une lecture amusante, angoissante, effrayante parfois. J’y ai fait la connaissance d’un narrateur réveillé brutalement. Il peine à remettre ses idées en ordre, découvre une prostituée dans son lit et les symptômes de la gueule de bois.
« Dans un râle bestial, j’aspirai la plus grosse bouffée d’oxygène de ma vie : elle avait le gout amer de l’alcool frelaté, du tabac froid et de la confusion moite. »
C’est l’été, il fait -10°C, il ne neige pas et c’est bientôt le jubilé. En réalité, le lecteur peine à se repérer dans le temps et sincèrement, notre narrateur ne nous aide pas. Son petit nom ? Vassia, Colonel Vassili Egorovitch Szatonovitch. La sonnerie du téléphone résonne dans sa migraine : le général Korolov, premier secrétaire de la Pacification (le supérieur hiérarchique de Vassia). Effervescence au Politburo suite à une attaque à l’intérieur de Tsitadel, du jamais vu qui déclenche une réunion de crise.
Vassia raconte tout ça avec humour et cynisme, j’avoue que sa présentation du General Korolov m’a beaucoup amusée.
TSITADEL
Toujours avec beaucoup de légèreté (malgré la situation), Vassia se rappelle à lui-même de ne pas réfléchir : le père de la nation, guide éternel, s’en charge pour le peuple. Ce peuple qui proscrit l’imagination et la créativité puisque la pensée abstraite est considérée comme une maladie mentale et qui applique à la lettre le Livre des Préceptes.
« L’introspection est le pire qui puisse arriver à un homme, car c’est à partir de ce moment que les nuages de la fatalité commencent à s’amonceler au-dessus de sa tête. »
Vassia contourne ses pensées en récitant les préceptes, car le Bureau des Dénonciations Orales Sans Equivoque est un service très occupé (Vassia a lui même reçu deux ailettes de Grand Délateur). Alors l’alcool coule à flot et fait taire son esprit. Trouver à boire est sa première préoccupation, et ce en toute circonstance. Les jours sont incertains et si vous avez une petite notion de la date du jour, elle peut changer à tout moment lors d’une mise à jour.
Un seul repère, la date du jubilé, le 11 janvier 1961 : seul jour de repos autorisé puisque la présence de chacun est obligatoire. En résumé, la vie dans les murs de Tsitadel est une répétions de tâches selon le travail qui vous aura été attribué.
J’ai bien conscience que ce n’est pas très vendeur mais Tsitadel est isolée et personne ne sait ce qui se passe à l’extérieur.
Un style particulièrement vivant
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Un roman qui a l’air d’avoir un côté décalé intrigant en plus de ne pas être dénué d’intelligence.
Décalé, ah ben oui, pour le début c’est tout à fait ça. Ensuite c’est plus sérieux et très visionnaire.
Je note, il semble particulièrement intéressant. Merci